Le slam du fleuve Sénégal avec Lady Khadija
Originaire du Sénégal, Khadija Wade raconte le fleuve en slam. Une œuvre notamment publiée dans le livre « Daande Maayo, En descendant le fleuve Sénégal », et que Lady Khadija nous présente ici en exclusivité :

Ode au Fleuve
Quand tout semble noir, quand le monde devient ténébreux
Quand les têtes se vident et que toute action devient impossible
Quand le flou prend le dessus et que les yeux se remplissent de blanc
J’arrive au moment propice pour vous souffler les bonnes ondes par le vent
De loin, je vous vois courir, je vous vois aller et venir
Impatients, avides d’argent et de pouvoir parfois incapables de réfléchir
Tout autour de vous parle de luxe et de prestige, tout autour de vous est délire
Quotidiens chargés d’illusions, présomptions et compétitions, hélas n’oubliez pas que vous allez mourir
Je renferme le secret capable de d’effarer vos doutes et dissoudre vos heurts
Je suis douce, calme, limpide, clair, je flotte et voyage
Je colorie l’aurore au quotidien, j’arrose vos journées de mes ondes remplies de bonne humeur
Je suis toujours là, mes flancs grandement ouverts prêts à accueillir vos pleurs
Je sais tempérer vos ardeurs, dompter vos peurs
Pendant la nuit, quand tout devient calme j’envoie ma brise nocturne
Vous bercer très lentement dans un berceau perlé de divines fleurs
Et là, la terre vous sourit, le soleil s’efface,
L’océan s’assagit et donne place à une longue nuit chantante et doucereuse

Daande Maayo!
Viens voyager à pied, en pirogue sur le fleuve
Tout un fleuve délaissé, mais qui peut faire peau neuve
Ça t’ dirais de passer un moment fort magique
Un moment d’évasion, des pays authentiques?
Oui admire avec moi les montagnes du Fouta
Oú le Bafing coule, sous un très doux climat,
Chante bien l’épopée du grand Mali Sadio
Avant de t’enfoncer dans les eaux du Walo
De Médine à Bakel, de Matam à Podor
Sur les traces oubliées des anciens chercheurs d’or.
De la gomme d’autrefois, des caravelles d’antan
Amarrées sur les quais sous l’œil des caïmans
Pour voir Koukoutamba, tu as dû voyager
Et à Tokomadji, tu as pu vérifier Comme le riz ou la canne, les bienfaits de tes eaux
Et pour les remercier, chante Daande Maayo
Allons danser ensemble au rythme du Yella
Avec Baaba Maal, d’Podor à Dagana
Pour, au pied du grand arbre, peut-être un acacia
Goûter au doux plaisir d’notre chère Téranga.
De Kayes le matin, au bord du grand Bouel
Tu iras à Saint-Louis, dont tu entends l’appel
Guidé par les génies vers Saint-Louis l’île bénie,
Pour marcher sur le sable d’la langue de Barbarie
J’aime le fleuve, ses couleurs, qui changent à chaque saison
Son bleu, son vert, son gris, qui ouvrent l’horizon
De montagnes en vallées, la goutte d’eau voyage
Allant rebondissant sur des rochers sans âge
Je rêve des grands voiliers, pleure les forêts perdues
En cultivant mon champ, où j’attends la décrue
Mais le soleil qui chauffe peut devenir mon ami
Si par ses sortilèges, il m’éclaire la nuit.
Ô pécheur qui revient ayant franchi la barre
Écoute le récit, et largue les amarres
Viens passer une nuit blanche tout au bord de l’eau !
Où sous le pont Faidherbe, chanteront les oiseaux !
#Daande Maayo
En savoir plus sur Lady Khadija et ses performances artistiques :
« J’ai été très tôt séduite par la musique urbaine; en l’occurrence le rap ! Bercée dès l’enfance par les groupes comme PBS, P.FROISS et Daara J, j’ai commencé par des imitations lors des fêtes de fin d’année. À l’âge de onze ans, je commençais déjà à griffonner de petits textes que je prenais plaisir à rapper à longueur de journée ! C’est en 2015, en rédigeant mon mémoire de master que j’ai compris vouloir poursuivre cet amour pour l’écriture, coûte que coûte, à travers le slam.
J’ai donc fondé le collectif Ndar Slam, et ai proposé à l’Institut Français de Saint Louis la première nuit du Slam en novembre 2017. A la suite de ma première résidence en Mauritanie en 2018 avec le slameur MisterX, j’ai eu l’opportunité de participer à d’autres résidences d’écriture avec de grands noms comme Edgar Sekloka, Jean-Baptiste Meyer-Bish, Didier Awadi…
En 2019, j’ai eu le privilège de croiser Yves Barou à l’occasion d’un livre sur les artistes de Saint-Louis. Il a adopté ma plume et m’a invitée à participer à l’écriture de son livre Daande Maayo avec Baba Maal et Djibril Sy. »

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